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se précipiter sur les barricades, « pour combattre en faveur de l’humanité souffrante et opprimée, pour défendrez le peuple, ses droits et la liberté, et mourir pour elle s’il l’avait fallu. » Sa mère put à peine l’empêcher de prendre part aux journées de juillet. Peut-être aussi avait-il lui-même trop bien senti qu’il n’appartenait pas à un artiste de répandre le sang, que son devoir était de combattre autrement pour assurer les droits de l’homme. Et il médita d’écrire La Symphonie révolutionnaire qui fût comme l’incarnation des sentiments qui l’agitaient alors et comme le reflet de son entraînement juvénile vers les héroïques journées que l’on traversait à ce moment. Mais, doué d’une nature profonde et profondément humaine, Liszt ne voulait ni représenter ni incarner, en cette œuvre, le tonnerre du canon, le bruit de la lutte, le tableau d’une horrible guerre civile, mais les idées profondes qui ont toujours été les causes motrices, le fondement de tous les grands mouvements populaires dans l’histoire de l’Europe, de toutes les époques où s’est exprimée « la grande et sublime idée chrétienne de l’humanité et de la liberté ».

Pour son œuvre musicale, Liszt a pris trois thèmes ou motifs fondamentaux : Le chant des Hussites, l’époque de Jean Huss personnifiant l’héroïsme, le courage, l’idée slave ; le choral allemand : « Eine feste Burg ist unser Gott », — « mélodie ressemblant à de l’airain fondu, monument éternel de foi inébranlable et de fidélité, malgré les souffrances et les persécutions endurées pour cette foi et personnifiant la force de la conviction et l’élément germanique[1] ». Le troisième thème était la Marseillaise, personnifiant la tendance vers la liberté et l’élément romain.

  1. Lina Ramann. Livre cité.