Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cèdent échelon dans le développement artistique de George Sand. Liszt, était, à coup sûr, aussi artiste que Musset et même peut-être plus, et s’il eût été producteur dans le même domaine que George Sand, peut-être n’eût-il exercé à son tour sur l’écrivain, qu’une même influence purement littéraire. Mais Liszt était plus que cela, c’était une nature exceptionnelle, une âme géniale, sachant tout embrasser, un esprit vaste et profond, un cœur ardent. Il paraît être, on le dirait du moins, dans l’histoire du développement des idées de George Sand, comme le point de transition qui l’aida à entrer dans la sphère des questions politiques et des problèmes socio-philosophiques de Michel de Bourges et de Lamennais, et cette transition s’opéra beaucoup plus facilement et d’une manière moins consciente que si la jeune femme se fût, en 1835, trouvée face à face avec le farouche tribun et avec l’ex-abbé, sans avoir auprès d’elle l’appui amical de cet artiste qui lui ressemblait tant, c’est-à-dire Liszt.

Liszt, nous l’avons dit, avait donc fait la connaissance de George Sand par Musset ; il donnait des leçons de musique à la sœur d’Alfred, Herminie, à qui il dédia même sa seconde fantaisie de Rossini (opus 3, n° 2). Liszt ne s’était pas volontiers rendu à l’invitation que lui avait faite Musset d’aller voir George Sand, et la première impression qu’elle fit sur le pianiste de génie fut désagréable, comme celle qu’elle produisit d’abord sur Musset lui-même et sur Chopin. Liszt s’était depuis longtemps passionné pour les œuvres de George Sand, mais son admiration

    dites de George Sand, la première est datée de « Paris 9 mai 1834 ». Pourtant en mai 1834, George Sand était à Venise. Cette lettre doit donc probablement dater de mai 1833. On voit par cette lettre qu’alors ils ne s’étaient pas encore vus.