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avaient faite les discours de Michel avait été très défavorable et la correspondante de Guéroult est tout à fait hostile à tout esprit de parti. L’influence de Sainte-Beuve se fait encore bien sentir dans son scepticisme sur la possibilité de la soudaine régénération de l’humanité et dans un certain éclectisme.

Dans une lettre inédite à Gustave Papet, George Sand souligne encore le fait de sa complète indifférence pour les opinions arrêtées des partis.

Nohant, le 14 avril 1835.

« J’avais prié Duteil de t’écrire l’autre jour, parce que je partais pour Bourges et j’avais à te prier de me rendre un petit service en toute hâte.

J’ai fait connaissance avec Michel qui m’a promis de me faire guillotiner à la première occasion, lorsque la République serait arrivée. Juge ce qu’il fera de toi ! s’il me guillotine, moi, qui suis en fait d’opinion, de la force d’Odry dans la conversation ! Nous irons ensemble à la place de Grève et nous ferons des calembours en chemin. »


À Hippolyte Châtiron : le 17 avril : « J’ai fait connaissance avec Michel, qui me paraît un gaillard solidement trempé pour faire un tribun du peuple. S’il y a un bouleversement, je pense que cet homme fera beaucoup de bruit. »

Pendant ce temps-là, Michel, qui venait de lire Lélia et qui en était toqué[1], fut très frappé en apprenant que l’auteur était une femme et brûla aussitôt du désir ardent de soumettre cette nature originale et forte et d’en faire son adepte. Immédiatement après le départ de George Sand de Bourges, il lui envoya à Nohant une longue lettre. La correspondance commença. Quand Michel partit pour Paris,

  1. Histoire de ma Vie, t. IV, p. 319.