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des Saints-Pères. Nous avons déjà dit qu’il n’était pas besoin de convertir George Sand, car sa sympathie pour toutes les théories socialo-altruistes et son penchant pour la démocratie avaient toujours en réalité existé dans son âme, et qu’ils s’étaient dévoilés assez clairement déjà lors de sa correspondance avec de Sèze. Si Michel lui avait ouvert les yeux, c’est seulement dans le sens qu’il l’avait intéressée à la lutte des partis politiques qui sévissait alors en France, c’est qu’il l’avait forcée à voir ce qu’il y avait d’acceptable dans cette lutte, c’est qu’il lui avait prouvé que tout homme sympathisant avec les idées chrétiennes et sociales devait s’intéresser au parti républicain. Jusqu’alors George Sand était restée indifférente à la politique. Dans toutes ses lettres, tant publiées qu’inédites, à l’époque de sa vie conjugale comme dans la période de son indépendance, chaque fois qu’il s’agissait de politique, elle prenait un ton quelque peu méprisant, badin et moqueur[1]. Elle ne se réjouissait pas tant de la victoire remportée par le parti républicain aux élections de la Châtre, parti auquel appartenait son mari, Hippolyte, le vieux Duris-Dufresne, et ses autres amis du Berry, mais elle riait surtout des manœuvres avortées du parti opposé, en général de toutes les émotions, de toutes les péripéties des luttes de partis, parodiait les discours politiques, les manifestes, le ton des articles de politique des journaux. Il est vrai qu’elle tenait son mari au courant des débats parlementaires de Paris, lui disait « qu’il ne s’entendrait jamais avec sa belle-

  1. Voir les lettres publiées dans la Correspondance des 31 juillet, 7 septembre, 27 octobre, 22 novembre 1830, la lettre à Mme Saint-Agnan datée : « fin de septembre ou commencement d’octobre 1830 » (la Revue Encyclopédique, 1891,) et les lettres de 1831 à son mari en partie inédites, en partie publiées dans le Cosmopolis de 1896 et dans le livre du vicomte de Spoelberch.