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un don de deviner les individualités les plus diverses, de faire vibrer à son gré son auditoire comme un instrument et de subjuguer les plus récalcitrants ; — ces facultés exceptionnelles avaient naturellement placé Michel à la tête du petit parti républicain du Berry, et dans la suite elles firent de lui un des meneurs du mouvement de 1830. À partir de 1831, il dirigea la Revue du Cher, et obtint, grâce à ce petit recueil, une immense influence en province. Après 1837, il parut fatigué, renonça à la propagande des idées républicaines, devint député du Cher et de la Vienne, mais se montra inactif et faible ; enfin, en 1839, il se fit beaucoup de tort par sa plaidoirie dans l’affaire d’un fonctionnaire qui poursuivait en justice un journal, d’après la loi appelée « la loi Bourbeau ». Après 1837, Michel se préoccupa exclusivement de sa clientèle d’avocat, ne pensa plus qu’à s’enrichir, son étoile pâlit, et on l’oublia si bien, qu’en 1848, personne ne le proposa pour être membre du gouvernement provisoire. Il est vrai qu’il fut élu député en 1849, se rangea dans l’opposition et vota pour le suffrage universel, mais il était loin d’exercer la même fascination sur ses auditeurs que par le passé. En demandant que le droit d’employer la force armée pour sa propre défense, fut conféré au président, Michel contribua indirectement au coup d’État. Cet événement de 1851 l’accabla, il devint hypocondre et mourut de chagrin et de maladies en 1853, à Montpellier.

Nous ne raconterons pas ici l’histoire du procès d’avril de 1835, ni la part qu’y avait prise Michel ; nous ne répéterons pas non plus le récit tant soit peu enjolivé de George Sand sur sa conversion opérée par Michel[1], sur le pont

  1. Histoire, vol. IV, ch. vii, viii et ix, p. 315-374.