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de sa liberté, elle méprise l’opinion, se rit des racontars et des calomnies, exige que ses amis sachent l’aimer malgré tous les bruits répandus sur son compte, tous les contes insipides forgés sur elle et les très réelles bizarreries de sa conduite. Son calme, sa force et sa fermeté, Quintilia les puise dans son amour pour un certain Max Spark, comte allemand auquel elle est mystérieusement mariée, mais qui, en dérobant comme une relique son bonheur et son amour aux yeux et aux appréciations des hommes, veut empêcher que des considérations quelconques ou des intérêts mesquins viennent se mêler à cet amour. C’est pour cela qu’il ne veut pas apparaître aux humains dans le rôle de « prince-consort », orgueilleux de son titre et de son bonheur. Il va sans dire que ce mariage secret devient la cause de calomnies, de médisances et de turpitudes pour Quintilia, même de la part de Galeotto et de Saint-Julien qui — tout comme les autres — s’éprennent de leur adorable souveraine. Il est clair aussi que tout s’arrange pour le mieux. La fable du conte, avec tous ses déguisements, tous ces pavillons mystérieux, toutes ses apparitions, mystérieuses aussi, des mêmes personnages sous des noms différents, et tout cet enchevêtrement impossible, semble aux yeux du lecteur de 1899 bien extravagante et bien peu naturelle. Du reste, George Sand jugeait elle-même son roman très sévèrement et le fit à plusieurs reprises dans ses lettres à Sainte-Beuve. C’est ainsi qu’elle lui écrit, par exemple, le 14 novembre 1833. « Maintenant je viens vous demander, non plus une marque d’indulgence, mais une preuve d’amitié. C’est de lire le manuscrit de le Secrétaire intime, avant que l’impression en soit commencée. Donnez-moi votre avis tandis qu’il est temps encore de faire des corrections. Je ne promets pas de me rendre aveuglément à toutes vos critiques :