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Juliette, lui fit partager l’exil volontaire du grand musicien et leur fit faire ainsi le premier pas décisif dans la voie malencontreuse où ils s’engagèrent ensemble.

D’autre part, de nos jours, M. Henri Amic trouve que, comme Juliette vaincue par sa passion pour Leone, quitte pour lui un homme dévoué et aimant, et retombe au pouvoir de l’amour martyrisant, — de même George Sand tout en comprenant combien Pagello l’aimait avec dévouement, ne put néanmoins résister à sa passion toute-puissante pour Musset, qui la ressaisit à son retour à Paris. Voilà pourquoi on pourrait, selon M. Amic, parfaitement considérer la lettre d’adieu de Juliette à Bustamente comme la lettre qu’Aurore Dudevant eût pu écrire à Pagello en août 1834. Cette remarque ne manque pas de justesse, et on peut, si l’on veut, considérer encore ce roman comme un « document psychologique ». Dans l’analyse de la passion, George Sand atteint également une grande perfection, mais quant à la mise en scène, aux héros principaux, aux dialogues, tout cela est tellement vieilli et vieillot, si peu naturel, que c’est là un des romans de George Sand qu’on pourrait difficilement recommander aux lecteurs de nos jours.

Nous nous permettrons d’analyser également ici le Secrétaire intime, quoique écrit avant le voyage de Venise et quoique son action ne se passe pas précisément dans cette ville, mais bien dans la patrie fantastique de la reine Agandecca et d’Aldo le Rimeur. Toutefois la belle capitale de la princesse Quintilia Cavalcanti — Monteregale, — quoique érigée « dans le goût oriental » (!), doit, à ce qui paraît, se trouver en Italie, aux environs de Gênes et de Monaco, car c’est par Lyon et Avignon que s’y rend de Paris la belle Quintilia accompagnée par sa gentille soubrette Ginetta, par son page amoureux Galeotto et par son vieux secrétaire.