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tâchait de la rendre responsable de tous les malheurs de la vie de son frère et même de sa mort prématurée ; après cette mort, il tâcha d’amoindrir le rôle qu’elle avait joué dans la vie du poète. Nous avons déjà dit ailleurs comment, pour atteindre son but, il avait exagéré les rôles de Mme Colet, de la princesse Belgiojoso et d’autres femmes. Lindau, en analysant les Nuits au point de vue de la critique psychologique et en démontrant leur parfaite homogénéité, les commente, selon nous, bien plus justement que Paul de Musset, qui se borne aux preuves purement chronologiques, et veut faire croire que la Nuit de décembre ne peut se rapporter à George Sand, le poète n’ayant pas, à son dire, à demander pardon à celle-ci, tandis que dans la Nuit de décembre, il obtient son pardon de l’inconnue. Pour avancer pareille chose, il fallait être partial comme Paul de Musset, mais le poète qui avait su écrire des pages d’un repentir aussi sincère que celui que nous trouvons dans la Confession, se sentait sans doute coupable au fond de son cœur, et il est fort possible que ce fut précisément un nouvel amour heureux qui réveilla dans son âme le souvenir de ses douleurs et de ses erreurs passées ; de là la Nuit de décembre.

Lindau et Arvède Barine ont donc raison en attribuant cette poésie à la même source que les Nuits de mai et d’octobre ; mais Paul de Musset a, de son côté, également raison lorsqu’il rapporte la Nuit de décembre à une date postérieure. Mais le fait même que Paul de Musset a cru possible d’attribuer ces poésies, sans altérer les faits réels, à des amours différents d’Alfred de Musset, enlève toute valeur à la pensée qui traverse comme un fil rouge tout le livre de Lindau : Eine Lüge hat ihn zu Grunde gerichted (un mensonge l’a terrassé), que « la blessure rapportée