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ses intentions, et, si elle ne devait partir que demain, vous pourriez peut-être me dire si vous croyez quelle ait quelques raisons pour désirer de ne point me voir avant son départ. Je n’ai pas besoin d’ajouter que dans le cas ou cela serait, je respecterais ses volontés.

Alfred de Musset[1]

Le 9 mars, George Sand écrit de Nohant à Boucoiran :

Mon ami,

Je suis arrivée en bonne santé et nullement fatiguée à Châteauroux, à trois heures de l’après-midi. J’ai vu, hier, tous nos amis de la Châtre. Rollinat est venu avec moi, de Châteauroux. J’ai dîné avec lui chez Duteil. Je vais me mettre à travailler pour Buloz. Je suis très calme. J’ai fait ce que je devais faire. La seule chose qui me tourmente, c’est la santé d’Alfred. Donnez-moi de ses nouvelles, et racontez-moi, sans y rien changer et sans en rien atténuer, l’indifférence, la colère ou le chagrin qu’il a pu montrer en recevant la nouvelle de mon départ. Il m’importe de savoir la vérité, quoique rien ne puisse changer ma résolution. Donnez-moi aussi des nouvelles de mes enfants. Maurice tousse-t-il toujours ? Est-il rentré guéri dimanche soir ? Solange toussait aussi un peu[2].


En partant, George Sand charge Boucoiran de remettre « un paquet » à Musset. Il contenait ce journal qu’elle avait écrit dans le courant de l’hiver, pendant qu’elle était séparée d’Alfred, et qui contenait sa confession. Elle la faite avec une sincérité extraordinaire, et parle de son amour pour Musset dans les termes les plus ardents, les plus insensés et tout palpitants de passion. Chaque ligne y res-

  1. Depuis la publication de ce chapitre en russe, cette lettre fut publiée par M. Clouard dans son article « Alfred de Musset et George Sand » (Revue de Paris, 1896).
  2. Note de 1895 : Lettre inédite.
    Note de 1898 : Un fragment s’en trouve aussi dans le livre de M. de Spoelberch.