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dages et de sa fausseté bien avérée). Il faut voir aussi comment Lindau procède dans ses citations : qu’il s’agisse, par exemple, d’une chose soi-disant dite par Musset, il l’emprunte à un des volumes que nous venons de citer, tandis que la réponse « faite par George Sand » est puisée dans un autre ouvrage et une « nouvelle réplique » de lui dans un troisième livre[1]. Semblable procédé est le comble de ce qu’un biographe peu scrupuleux peut se permettre ; il ne serait que trop facile, de cette manière, d’imputer n’importe quoi à n’importe qui ! Mais si ce procédé nous cause une surprise désagréable en le rencontrant une première fois chez Lindau, il nous froisse bien plus encore lorsque nous retrouvons ces mêmes citations arbitraires empruntées à différents ouvrages et groupées de façon à former un tout complet dans un autre livre, celui de Frédéric Niecks[2]. Il est vraiment étonnant que cet écrivain sérieux, le meilleur des biographes de Chopin, et qui a su, en général, se montrer consciencieux envers George Sand, qui analyse si bien les raisons pour lesquelles deux caractères aussi dissemblables que ceux de George Sand et de Musset, ne pouvaient se comprendre l’un l’autre, et pourquoi leur liaison dura assez peu de temps, il est étonnant, disons-nous, que ce même Niecks, dès qu’il se met à apprécier les causes de la fragilité des rapports entre George Sand et Chopin, perde tout à coup sa pénétration ordinaire et se fasse sciemment partial, mesquin et chicanier. En le lisant, nous nous heurtons de nouveau à des contradictions. À l’opposé de Lindau, il

  1. Le lecteur verra que nous n’avançons rien sans preuves s’il prend la peine de lire ce que cite Lindau aux pages 123-157 et surtout 132-134.
  2. Frédéric Niecks. Fr. Chopin als Mensch und Musiker, übers, von Dr W. Langhans, Leipzig, Leuckart, 1890.