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les renseignements donnés par Paul de Musset ou puisés dans ses ouvrages. Il est donc doublement à regretter que Lindau, comme nous l’avons vu, les mette au premier plan. En règle judiciaire, les parents ne sont admis à témoigner qu’avec une grande réserve ; quelquefois même on refuse de les écouter pour ne pas les exposer à mentir ; souvent ils sont libérés de la prestation du serment. À plus forte raison, faut-il user d’une extrême prudence quand on a affaire à des témoignages de parents empressés de défendre la mémoire d’un cher défunt devant le tribunal de l’histoire. Lindau a beau s’évertuer à se poser en juge impartial alors qu’il écoute les témoignages partiaux du frère de Musset ; nous voyons bien clairement qu’il voit toute la vie d’Alfred de Musset et ses œuvres à travers le prisme de son frère Paul. Si, par moments, il s’écarte des appréciations de ce dernier, c’est dans le but de charger encore davantage George Sand. Paul de Musset, comme nous l’avons vu, s’évertue à diminuer le rôle de George Sand dans la vie de son frère, et c’est dans ce but qu’il exagère les rôles de Mme Colet et de Pauline Garcia, ceux de Mme Kalergis, de Rachel, de la princesse Belgiojoso et celui de la petite modiste qui a servi d’original à Bernerette, etc. Lindau veut que son livre soit le développement de ce thème : que dans toute la vie d’Alfred de Musset il n’y eut qu’un seul amour, George Sand, et que cet amour, après avoir empoisonné sa vie par le mensonge et la trahison, l’avait perdu. Il termine son ouvrage par les mots : « Eine an ihm verübte Lüge hat ihn zu Grunde gerichtet » = « Un mensonge qu’on avait commis envers lui l’a perdu ». Il est donc évident qu’en usant des renseignements fournis par Paul de Musset, Lindau ne les accepte que pour les besoins de sa cause, qu’il s’efforce d’atténuer tous