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naissait personnellement la grande romancière, qu’il écrivait ces paroles surprenantes ; ce n’est donc pas la lecture seule de ses œuvres qui a pu les inspirer. « J’ai eu, écrit-il, le bonheur de faire la connaissance personnelle de George Sand, mais n’allez pas prendre mes paroles pour une phrase banale ; celui qui a pu voir de près cet être d’élite, doit réellement se croire heureux… Lorsque j’ai l’ait pour la première fois sa connaissance, il y a huit ans… j’avais déjà cessé de l’adorer, mais il était impossible de pénétrer plus avant dans sa vie privée sans redevenir son adorateur, mais dans un autre sens et, peut-être, meilleur. En la voyant, chacun sentait aussitôt qu’il se trouvait en présence d’une nature profondément généreuse et bienveillante, chez laquelle tout égoïsme s’était depuis longtemps complètement consumé à la flemme inextinguible de l’enthousiasme poétique et de sa foi à l’idéal, d’une nature à laquelle tout intérêt humain était accessible, cher, et dont il émanait aide et sympathie… Et, au-dessus de tout cela, une espèce d’auréole qui s’ignore, quelque chose d’élevé, de libre, d’héroïque ».

Quant à la haute opinion qu’avaient de George Sand Annenkow, Basile Botkine et Herzen[1], il faudrait, si l’on voulait en donner une idée, citer des pages entières de leurs œuvres[2].

  1. Annenkow, biographe connu de Pouchkine, critique, et ami de Tourguéniew. B. Botkine, écrivain et esthéticien, frère du célèbre médecin. A. Herzen, romancier connu, écrivain politique, plus tard émigré. Ils appartenaient tous au cénacle amical et littéraire des années 40.
  2. Voir Annenkow et ses amis (St.-P. éd. Souvorine 1892, pp. 186, 265, 530, etc.). — Œuvres de B. Botkine (St.-P. 1890. 2e volume). — Œuvres de Herzen, surtout le Journal de Herzen (par exemple la page où il parle du refus de Botkine de se marier ; le récit s’en trouve à la date du 30 juin 1843.)