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garder la pureté de leur amour. Lélia fuit même le poète, tout en l’aimant. D’abord, elle se retire dans les ruines d’un couvent, où elle passé les jours et les nuits dans les doutes les plus affreux, en cherchant la lumière et la vérité. Elle se contraint à ne pas dépasser une limite qu’elle se trace mentalement autour de son refuge et jure de ne quitter ces ruines que lorsqu’elles s’écrouleront. Cependant le sort ne veut pas de ce sacrifice volontaire. Une nuit, un orage éclate, et la tempête fait tomber les vieux murs. Lélia, qui a failli périr sous les débris, est sauvée par le moine Magnus, qui l’emporte évanouie sur son âne. Magnus, déjà épris de la jeune femme, devient fou d’amour, mais il voit en Lélia l’incarnation de Satan, du démon de la négation ; elle le dompte et le subjugue continuellement par la force de sa volonté, de son esprit ; il se soumet, mais sa vie n’est plus qu’une suite de tourments sans issue, de luttes impuissantes contre sa passion, ou, comme il le croit, contre la suggestion diabolique. Il ne peut plus vivre sans Lélia, sans penser à elle, et en même temps il la fuit comme la tentation. Lélia voit tout cela avec une pitié mêlée de dédain. Sténio commence aussi à chanceler dans son aveugle confiance en Lélia. Il l’accuse de coquetterie, de froideur, de dureté, et il est sur le point de voir en elle, tout comme Magnus, une créature surnaturelle, il devient dur et méchant. Lélia a une sœur, Pulchérie, fille perdue, qu’elle n’a pas vue depuis plusieurs années. Le hasard les met en présence l’une de l’autre. Pulchérie tâche de persuader à sa sœur que toute

    rations de son alter ego. C’est une incarnation en la personne d’un autre de tous les éléments fonciers de l’âme, une compréhension personnifiée, que George Sand et Lélia avaient vainement cherchées dans le bien-aimé et que Lélia avait trouvé en Trenmor et George Sand en Rollinat.