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prêtée par l’un des habitants les plus aisés et de gagner l’île de Porto-Praya. Il espérait sinon trouver du secours, au moins informer le consul français de la triste situation des malheureux naufragés et obtenir, grâce à lui, le moyen de retourner en Europe. Cependant, son manque de confiance ou pour toute autre raison, les matelots ne voulurent pas laisser partir leur capitaine. Celui-ci pria alors M. Plauchut de se montrer bon camarade et de se rendre lui-même à Porto-Praya. Malgré les dangers et les difficultés de toute sorte, accompagné de plusieurs hommes minés par la fièvre et presque mourants, mais résolus à rassembler leurs dernières forces pour fuir l’île contagieuse, M. Plauchut put aborder à Porto-Praya et se présenta au soi-disant consul français, M. Oliveira. Oliveira n’était nullement consul de France. Il reçut grossièrement M. Plauchut, lui refusa tout secours et ne consentit pas même à l’héberger sous son toit. À la fin de leur conversation, il promit cependant de parler le lendemain à un des principaux propriétaires de la localité, revenu depuis peu d’Europe et de le consulter sur ce qu’il y aurait à faire. L’auberge où Oliveira envoya M. Plauchut était tellement sale, que celui-ci, quoique se trouvant dans une position désespérée, n’eut pas le courage d’y passer la nuit et préféra se coucher sous le portique de l’église ! En se rendant le matin chez Oliveira, il trouva, par bonheur, au lieu de celui-ci, un jeune Portugais, M. Francisco Cardozzo de Mello, revenu récemment d’Europe ; c’était un homme très instruit, parlant parfaitement le français. Après avoir écouté avec beaucoup de bonté et d’intérêt le récit de M. Plauchut, De Mello ne put cependant exprimer qu’un doute sur la possibilité de secourir le capitaine et les matelots restés à Bôa-Vista, et finit par demander à Plau-