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raconté qu’en l’absence de Marianna, alors à Paris, M. de Belnave entra dans ta chambre de sa femme pour y chercher une facture quelconque, comment ensuite pour la première fois, il fit attention à tous tes menus objets qui ornaient cette chambre bien semblable à celle d’Aurore Dudevant à Nohant : « Des rayons mobiles étaient chargés de plantes desséchées, de cristaux et de minéraux rapportés des Pyrénées. Sur une causeuse dormaient pêle-mêle des livres, des cahiers de musique, des palettes de porcelaine ; des albums étaient jetés négligemment sur une table de marqueterie, entre des boîtes de laque et de palissandre ; » la décoration de la cheminée consistait en quelques objets d’art ; « une cravache à manche d’or ciselé, incrusté de turquoises, gisait près d’un gant déchirée et d’un bouquet d’hépatiques, (on voit que Marianne était aussi une élève de Néraud)… un chapeau d’amazone, oublié sur le tapis, n’avait point été relevé… » M. de Belnave l’ayant soulevé, se représente bien clairement, « sous la forme du feutre aux bords légèrement cambrés des flots de cheveux ruisselant dans leur liberté, autour d’un front de déesse, des yeux noirs aux chastes flammes, un nez aquilin et fier et toute cette noble tête qui semblait attendre un diadème[1] ».

Ensuite M. de Belnave (encore tout comme Dudevant après la lettre du 8 novembre 1825) éprouve tout à coup un élan de tendresse et d’amour pour sa femme et commence à apprécier et admirer tous les charmes de sa beauté et de son esprit. Mais alors le hasard lui fait tomber sous la main un album, entre les feuillets duquel, parmi des dessins et des notes (Aurore nous le savons avait un pareil album

  1. Marianna, p. 115-124.