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beautés de la route qu’elle avait à peine remarquées en allant de Blanfort à Bagnères la plongèrent, au retour, dans un muet enchantement[1]. »

Il se fit probablement en Marianna le même changement que celui qu’Aurore Dudevant avait observé en elle lors de son voyage aux Pyrénées, comme elle le raconte dans l’Histoire de ma Vie. Une correspondance animée s’engage entre Blanfort et Bagnères, correspondance favorisée par la circonstance qu’il y a des amis communs (lisez « Zoé Leroy ») demeurés à Bagnères.

Et les pages consacrées par Sandeau à l’analyse de cette correspondance, qui est l’unique bonheur, La seule consolation de la pauvre Marianna, et dans lesquelles il raconte comment elle passait des nuits entières à écrire, lorsque tous dormaient et que tout était silencieux à Blanfort, et comment elle initiait son ami absent à tous les détails de sa vie, lui disant ses chagrins, ses doutes, ses espoirs, mettant à nu tous les recoins de son cœur, ces pages pourraient parfaitement remplacer celles de l’Histoire de ma Vie, dont nous avons fait mention plus haut[2], où George Sand raconte ses causeries épistolaires avec « l’être absent. »

Cette correspondance fut, comme celle d’Indiana et de Raymon, la cause de la ruine de Marianna. Cela nous prouve une fois de plus que Sandeau avait profité des révélations que sa collaboratrice de 1831 lui avait faites sur sa vie antérieure.

« On l’a dit, la manie d’écrire a perdu tous les amants, c’est par là qu’ils périssent tous »… C’est ainsi que débute (tout comme dans Indiana), le chapitre où il nous est

  1. Marianna, p. 51.
  2. Voir p. 273, 294-297.