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Lorsque, une dizaine d’années auparavant, Sandeau avait été élu à l’Académie, quelqu’un avait fait circuler le spirituel quatrain que voici :

Entre Sand et Sandeau, la froide Académie
À choisi le plus long et préféré Sandeau,
Le féminin talent au masculin génie.
Le vin pur lui fait peur, elle le trempe d’eau !

Sans vouloir ni pouvoir nous arrêter ici sur la justesse ou l’erreur de l’observation que ce calembour renferme, appelons l’attention du lecteur sur une œuvre de ce « féminin talent » qui touche de près à notre sujet.

Un écrivain sympathique a fait spirituellement remarquer que l’amour entre gens de lettres a pour rançon de toujours être accompagné par une légère odeur d’encre d’imprimerie. En effet, des écrivains qui se sont aimés, résistent rarement après s’être quittés, à la tentation de peindre lui ou elle, et Brandès a tort de n’attribuer cette tendance qu’à Mesdames les romancières[1]. Le sexe fort ne le cède en rien au sexe faible sur ce point. George Sand n’a pas moins subi ce sort de la part de ses anciens adorateurs qu’elle ne le leur a fait subir. Mais tandis que dans La Double méprise de Mérimée, comme nous l’avons dit, on ne peut voir qu’une faible allusion à l’amour passager de l’auteur de Clara Gazul pour l’auteur de Lélia, et que tout le monde connaît au moins de nom la Confession d’un enfant du siècle, seuls les chercheurs, ou à peu près, savent que dans la Marianna de Jules Sandeau, l’héroïne

    p. 190-122, et surtout la lettre de Mérimée à Sandeau à ce sujet (p. 199), ainsi que l’article de Texier et le volume de Nisard : Souvenirs et notes biographiques, 1888, in-8o.

  1. Voir son étude sur Goëthe et Charlotte von Stein où il parle également de G. Sand et de Musset, de Daniel Stern et de Liszt, ainsi que d’autres amants aussi célèbres que lettrés.