Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et parent, le glorieux gouverneur d’Anvers ». Après avoir calmé sa bien-aimée, Ramiro se cache pour échapper à la vengeance du très cher Sneyders, qui, cette fois, aurait certainement tout fait pour le perdre. La victoire reste à la jeunesse. Ramiro et Juana ne se reverront peut-être plus, mais ce moment de bonheur a compensé tous leurs chagrins. L’amour a vaincu et se rit des vieux maris, des chaînes, des proscriptions, des défenses, des lois et des sévices. Vive l’amour, vive tout sentiment pur et humain, voilà ce que nous dit ce petit conte gracieux et gai, écrit d’une plume alerte et avec une verve et un entrain tout à fait surprenants.

Ainsi la lutte (finissant par la perte ou le triomphe) des âmes marquées de l’étincelle du génie, ou simplement des natures douées de talents, contre la vie bourgeoise, mesquine et plate, contre la tourbe banale, médiocrement vertueuse ou médiocrement vicieuse et contre les idées étroites et routinières ; puis la défense de l’inspiration contre la morale reçue, du talent contre la foule, de l’amour contre les préjugés du monde et les intérêts prosaïques ; et enfin le triomphe de l’amour véritable sur tous les obstacles, toutes les barrières et toutes les entraves, voilà les thèmes principaux des premières œuvres de George Sand.

« Quels rêves irréalisables, quelle sentimentalité ! » dira le lecteur pratique et réaliste de 1898. Néanmoins, bien des rêves irréalisables de George Sand sont devenus de vieilles vérités, et, ce qui n’est pas encore réalisé, les poètes de tous les peuples l’ont toujours rêvé, espéré et prédit ; c’est le rêve doré que chacun de nous porte en soi et voudrait voir accompli.

Donc, rien d’étonnant si la dernière œuvre, écrite en