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dans un cabaret de barrière et prenait part aux soirées athéniennes qui se donnaient au Ministère de l’Intérieur chez ce « brigand de Ledru-Rollin[1] ».

Les ennemis et détracteurs de George Sand n’ont fait, en résumé, que prouver, par leurs craintes et leurs anathèmes, qu’elle fut une grande puissance, puisqu’elle fut, selon eux, tellement redoutable, et son influence si pernicieuse, si effroyable, si destructrice.

Nous reviendrons encore à plusieurs reprises sur ces critiques, malveillants ou bienveillants, amis ou ennemis. Nous noterons, dans le cours de notre ouvrage, leurs opinions extrêmes, les enthousiasmes et les indignations qui accueillaient toute œuvre nouvelle de George Sand. Nous raconterons les attaques virulentes de ses ennemis, les joutes des journaux qui se terminaient parfois par de vrais duels. Cependant, nous n’avons encore rien dit sur la conduite de ses amis et de ses admirateurs ; c’est ce que nous allons faire.

Des dizaines de voix appartenant, soit à des hommes de lettres ou au simple public, nous signalent de leur côté l’influence étonnante, non plus cette fois dépravante, mais salutaire, vivifiante, éducatrice, que George Sand a exercée sur la société de son temps et sur eux-mêmes. Son nom, selon eux, est inséparable des plus belles aspirations de cette époque, et c’est sur un ton dithyrambique, enthousiaste, qu’ils parlent de son influence éducatrice sur deux ou trois générations. La faveur dont jouissait le nom de George Sand vers le milieu du siècle et la vénération que

  1. On voit que cette fois encore Boulgarine répétait, sans indiquer la source de ses renseignements, les mêmes racontars des feuilletonistes français auxquels George Sand fait allusion dans la préface du Compagnon du tour de France.