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George Sand, au-dessus du titre La Marquise se trouve un médaillon avec le portrait soi-disant de la marquise elle-même, dont l’auteur nous parle dans la préface. Elle est en Diane-chasseresse (comme est représentée Marie-Aurore de Saxe elle-même sur le portrait par Latour, qui appartient maintenant à La petite fille de George Sand, Mme  Aurore Lauth : corsage très décolleté, style Louis XV, en « satin tigré », un arc à la main et un croissant dans les cheveux poudrés. Remarquons aussi que, si l’amie de la marquise porte le nom de Mme  de Ferrières, lequel appartenait à une des vraies amies de Mme  Dupin de Francueil, la marquise elle-même très belle et fort sotte (elle passait au moins pour stupide) semble rappeler Mme  de Pardaillan[1], ou même un original qui était beaucoup plus proche d’Aurore Dudevant. Rappelons-nous qu’elle répète à plusieurs reprises dans « l’Histoire de ma Vie » que, dans son enfance, elle paraissait souvent « sotte », « bête » et que même plus tard, lorsqu’elle songeait ou réfléchissait, sa figure prenait une expression d’immobilité stupide — elle-même le prétend et quantité de personnes qui l’ont connue dans différentes périodes de sa vie[2], le disent aussi, en ajoutant que cette expression pouvait induire en erreur ceux qui ne la connaissaient pas, — tout comme la figure peu éveillée de la pauvre marquise lui faisait faire, de même qu’à ses amies, des réflexions dédaigneuses à propos de son esprit. Nous voyons ainsi dans La Marquise, à côté d’observations sur autrui, des traits plus ou moins autobiogra-

  1. Histoire de ma Vie, vol. II. p. 318-320
  2. Heine, Gutzkow, Lenz, Maxime Du Camp, Goncourt et plusieurs autres contemporains de George Sand, qui sont encore en vie, parlent à peu près en même termes du « regard immobile de ses grands yeux noirs, veloutés, sans éclat ni expression, et qui ont l’air de ne rien voir ».