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Antoinette Dupin, tout comme l’arrivée du prélat et le dîner donné en son honneur, sont évidemment copiés sur nature et représentent l’arrivée à Nohant, en 1829, de Monseigneur de Villèle (frère du ministre), jadis confesseur de presque toutes les élèves pendant le séjour d’Aurore au couvent, ensuite évêque de Bourges. Nous trouvons le récit de cette arrivée de l’évêque à Nohant, et le dîner en son honneur, dans une lettre inédite de Casimir Dudevant à Caron, et sa description est de tous points la même que celle qu’en donne sa femme, certes avec plus de couleur et d’art, dans son premier roman. On ignore qui des deux auteurs a écrit l’épisode d’ « Horace » ; les deux jeunes berrichons, en le peignant, se sont servis du même original, mais en relisant, dans Rose et Blanche, les pages qui se rapportent à Horace, on croit relire certains passages du Péché de M. Antoine, de Mauprat et même des romans postérieurs de George Sand, tels que Jean de la Roche ou Mlle  Merquen. Il est difficile de prouver et de montrer en quoi consiste cette ressemblance : elle est dans tout et dans rien — mais le Lecteur la sent vivement. Ainsi donc, Rose et Blanche renferme en germe les éléments les plus variés des œuvres ultérieures de George Sand. Ce qui est plus remarquable encore, c’est que ce roman est beaucoup plus réaliste que ceux qu’elle a écrits plus tard. Son style rappelle le ton insouciant et spontané de ses lettres où elle ne craint pas de dire les choses carrément et hardiment, et emploie des mots très verts et fort peu admis dans un salon. Sa manière de traiter, avec verve et crânerie, les héros et les événements, les dialogues et les conversations, est la même que celle de son Voyage en Auvergne. Il s’en dégage quelque chose de naturel, de sain, de frais. On y trouve bien moins d’exagérations, de déclamations, de