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Il ne faut pas voir les célébrités de trop près »… Il est donc évident que ce n’est pas de Latouche qui la conseilla le premier, mais que son premier conseiller fut Kératry. Il est évident aussi que ce n’est pas Duris-Dufresne « qui combattit son projet d’aller voir de Latouche contre lequel il avait de fortes préventions » — comme elle l’écrit dans l’« Histoire[1] » mais qu’elle-même, ayant, dès son arrivée à Paris et avant de connaître Kératry, fait la connaissance de de Latouche, ressentit aussitôt de la défiance et de l’antipathie pour lui, tâcha de l’éviter et se tint sur la réserve jusqu’à ce qu’elle eût compris quel brave cœur, toujours prêt à aider ses jeunes confrères, se cachait sous son extérieur revêche, et alors leurs relations devinrent très amicales. Dans les commencements, de Latouche se montra effectivement d’une grande sévérité envers la novice ; la petite fille de Marie-Aurore de Saxe fut très choquée de ses manières brusques et de son ton autoritaire, l’impression fut — comme nous l’avons vu — que Kératry était plus agréable et elle prétendait « ne pas aimer de Latouche et ne pas vouloir lui être obligée[2] ».

Le 15 janvier elle avait cependant déjà l’intention d’aller avec de Latouche chez Mme Récamier où elle espérait voir Delphine Gay et plusieurs autres célébrités littéraires. Le 19 janvier, Aurore écrit encore, comme toujours d’un ton

    ouvrage : la Véritable histoire de « Elle et Lui ». surtout les plu « Kératry m’a reçue d’une manière paternelle, et j’ai bonne espérance maintenant, car, entre nous soit dit, je ne m’entendrai jamais avec un homme comme Latouche. Il continue pourtant à mettre beaucoup d’obligeance dans ses démarches… Quant au roman, les corrections qu’il exige vont mal avec mes principes. J’aime mieux adopter celles que Kératry m’imposera, car lui, du moins, est un honnête homme et un bon homme ».

  1. Histoire de ma Vie, t. IV, p. 122.
  2. Lettre à son mari écrite à la fin de janvier 1831.