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littérature en herbe.) On faisait souvent des lectures à haute voix et on s’enthousiasmait surtout pour le chef du romantisme, Victor Hugo. Ses œuvres étaient avidement dévorées, ainsi que les articles de Sainte-Beuve. Aurore et ses jeunes amis se moquaient bien du style de la nouvelle école romantique et de ses exagérations, ils les parodiaient même dans leurs lettres, mais Victor Hugo restait néanmoins pour eux un objet d’admiration et de vénération.

Les relations d’Aurore avec ces jeunes gens étaient simples et cordiales, une vraie camaraderie, avec cette teinte de bohème romantique, que, sous l’influence des idées saint-simoniennes flottant dans l’air et du romantisme naissant, George Sand adopta dès lors envers ses amis masculins et qu’elle professa toute sa vie.

Chaque fois qu’un des membres de la petite société partait pour Paris pendant que les autres restaient à Nohant ou à La Châtre, une lettre était aussitôt écrite en commun et expédiée à l’absent. Parmi les lettres inédites de George Sand, on trouve plusieurs épîtres humoristiques à Duvernet, écrites en commun ou tour à tour, en vers et en prose, par Aurore, Sandeau et Fleury. Elles sont pleines de verve et d’une gaieté exubérante.

L’une d’elles est signée comme suit :

Aurore Dudevant

hugolâtre !

Jules Sandeau
hugolâtre ! !

Alphonse Fleury

hugolâtre ! ! !

Lorsque, en 1830, tous ces messieurs partirent pour