Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ma Vie, elle dépeint, dès les premières pages, son logement du quai Saint-Michel et raconte comment elle vivait à Paris « avec sa fille ». Puis elle fait tout à coup un retour à l’année 1831 et nous raconte sa vie « inusitée », puis elle revient encore une fois, et sans prévenir le lecteur, à 1832, en sorte que l’on peut perdre le fil du récit au milieu de ce gâchis chronologique. George Sand jette à dessein un voile sur cette nouvelle époque de sa vie, car son arrivée à Paris et la rupture avec son mari coïncidaient avec un autre événement important dans la vie d’Aurore Dudevant : sa liaison avec Jules Sandeau.

Léonard-Sylvin-Julien Sandeau, un berrichon encore comme George Sand et Pyat, naquit Le 19 février 1811 à Aubusson. Il se préparait au barreau et faisait son droit à Paris. C’est en 1820 ou 1830, qu’il fit la connaissance des Dudevant au Coudray, près La Châtre, chez des amis communs, les Duvernet. Étant le camarade de Fleury, de Charles Duvernet, de Papet et de Gabriel de Planet, il se lia bientôt d’amitié avec Aurore et son jeune protégé Boucoiran. Tous ces jeunes gens se voyaient tantôt chez l’un, tantôt chez L’autre ; on s’amusait, on faisait des promenades, on dansait ou on faisait de la musique[1]. Mais ce qui les intéressait surtout, c’était la littérature et sa nouvelle école. (Ce goût de la Littérature n’a rien qui puisse nous étonner, car presque tous les membres de cette petite société intime, à commencer par George Sand et Sandeau, entrèrent plus tard, de façon ou d’autre, dans la carrière littéraire. C’étaient tous des écrivains ou des amateurs de

  1. Remarquons pour les musiciens et les dilettanti, que déjà en 1830, George Sand mentionne souvent dans ses lettres le nom de Berlioz, alors si peu apprécié en France, mais dont les Mélodies et les autres œuvres étaient déjà connues et estimées dans le petit cercle d’amis d’Aurore.