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à toutes les écoles littéraires, quelles qu’elles puissent être.

Certes, L’histoire de la lettre « testament de Dudevant » trouvée par Aurore ne fut que la dernière goutte qui fit déborder la coupe de l’amertume ; néanmoins, si cette goutte ne fût pas tombée, Aurore Dudevant ne se fût peut-être pas décidée, au commencement de 1831, à s’établir à Paris. On dirait qu’elle l’a saisie au vol comme le prétexte qui allait la mettre hors de page, lui permettant de rompre avec Dudevant. Elle quitta Nohant le 4 janvier 1831. Au début de notre récit du mariage des Dudevant, nous avons signalé les trois causes qui peuvent assurer la stabilité du mariage. Le lecteur peu voir, par tout ce qui vient d’être dit, que c’est le manque de ces trois conditions, le manque d’harmonie dans la vie intellectuelle des deux époux, l’absence d’un amour vrai et du savoir-vivre extérieur qui amenèrent Aurore au désenchantement, au refroidissement et au divorce moral. En 1831, Aurore et Émilie Châtiron supposaient que cette séparation de facto serait la solution définitive de cette question embrouillée ; Aurore ne prévoyait pas qu’une autre cause — l’avenir des enfants à assurer — exigerait un jour une solution légale, et que pendant de longues années encore, même après son divorce, elle aurait à défendre ses droits et ceux de ses enfants. Quoiqu’il en soit, l’année 1831 fait époque dans la vie de Casimir et d’Aurore Dudevant ; et, à partir de ce moment, les deux époux se trouvent, vis-à-vis l’un de l’autre, dans une position toute nouvelle, ce qui nous permet de clore, par cet incident, le chapitre de la vie conjugale de George Sand.