Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, sans nous écarter de l’ordre chronologique que nous avons résolu de suivre, revenons à l’année 1825.

Aurore passa l’hiver de 1825-1826 à Guillery, chez le père de Casimir, et s’y amusa beaucoup. On y organisait tantôt des chasses, tantôt de simples cavalcades ; dans ce but, on fit même venir de Nohant le cheval favori d’Aurore, « Colette ». On allait souvent chez divers propriétaires voisins, qui, dans leurs châteaux, arrangeaient des bals, des spectacles, des charades, auxquels assistaient les parents et les connaissances, venus non seulement des châteaux voisins, mais aussi de Nérac et de Bordeaux. Aurore écrit à sa mère le 30 décembre 1825 : « Je ne fais que d’arriver d’un château voisin où j’ai passé plusieurs jours à chasser à cheval et à jouer des charades le soir. J’ai une assez mauvaise santé pour toutes ces folies qui m’ont passablement fatiguée. Me voilà pourtant rentrée et reposée, et décidée à me soigner et à ne sortir de mon trou que pour aller passer la fin du carnaval à Bordeaux. Nous y serons, je pense, avant la fin de janvier, on veut bien nous y désirer et nous y attendre avec toute sorte d’amitiés… Casimir arrive de Bordeaux bien portant et se joint à mes vœux pour votre santé et vos plaisirs[1]. »

En effet, cet hiver-là et les années suivantes, Casimir alla souvent à Bordeaux, où son père avait une maison de rapport qu’il fallait gérer et qui devait plus tard revenir an fils. À Bordeaux, comme nous le savons déjà, Dudevant s’était lié avec Desgranges, armateur de profession et faiseur d’affaires de la plus belle eau. Celui-ci ne tarda pas à l’entraîner dans une série d’entreprises et d’opérations financières qui le conduisirent peu à peu à une ruine com-

  1. Inédite.