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le nomme aussitôt, car il en est souvent question. Pourtant les biographes amis de George Sand semblent ne rien savoir de lui ou bien ils en parlent d’une manière mystérieuse. Ainsi Louis de Loménie[1] ne fait-il allusion, qu’en passant légèrement, à « une première illusion toute passagère que George Sand aurait eue pendant son voyage aux Pyrénées. » M. d’Haussonville[2] se borne également aux allusions suivantes qui ne jettent aucune clarté sur cet épisode. En racontant que George Sand a placé dans les Pyrénées la scène d’une de ses plus charmantes nouvelles, Lavinia, il dit : « Si George Sand a cherché dans ses souvenirs le cadre et les couleurs du tableau qui a servi de scène à l’action de Lavinia, le langage qu’elle prête à son héroïne n’est point celui que parlait alors son cœur. À cette date, elle n’aurait point encore écrit la lettre si triste et si fière où Lavinia repousse les offres de l’homme qu’elle a aimé, sans lui cacher ce que ce refus lui coûte d’hésitations et de regrets… Elle n’était pas alors au moment du réveil, elle en était encore aux premières et aux plus belles heures du rêve… » (p. 286). Aux pages suivantes (287-288) M. d’Haussonville donne un petit extrait (nous en parlerons plus bas) de « l’Histoire de ma Vie », sans nous dire encore à qui l’épisode se rapporte. Enfin, page 404, il nous dit, et cette fois tout à fait en passant : « Le bonheur, elle l’a cherché partout : aux Pyrénées, à Paris, à Venise, à Majorque, à Nohant, dans tous les Lieux où elle a promené l’inconstance de son imagination, la fumée de son cigare et la facilité de son tutoiement. À chaque pas, elle croyait le saisir ; à chaque pas, le bonheur lui échappait… »

  1. George Sand, dans son livre déjà cité : Contemporains illustres par un homme de rien.
  2. Vicomte d’Haussonville, Études biographiques et littéraires, George Sand. Paris, Calmann-Lévy, 1879.