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Près de Melun, dans le domaine de Plessis-Picard, demeurait la famille des Rœtiers du Plessis ou Duplessis. James Duplessis avait été l’ami intime de Maurice Dupin, avec qui il avait servi dans la cavalerie à l’époque des guerres de la République. Leur amitié continua après la guerre, et Duplessis venait fréquemment voir la famille, alors heureuse, des Dupin, et, après la mort de Maurice, les deux femmes désolées, dont l’une avait perdu son fils et l’autre son mari. Il savait toujours les distraire et les égayer. Il était aussi ami d’Hippolyte Châtiron. Au commencement de 1822, Sophie Dupin alla, avec sa fille, passer trois jours chez les Duplessis[1].

Les Duplessis habitaient à la campagne un vaste et beau château entouré d’un parc et de champs. Cette famille aimante et gaie se composait de James Duplessis, officier en retraite âgé de quarante ans, homme gai et vif, autrefois excellent cavalier et bon vivant, alors bon père dévoué à sa famille ; de Mme  Angèle, son épouse, femme intelligente et d’un esprit indépendant, excellente mère et bonne ménagère, de leurs cinq filles et de nombreux voisins et parents accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants. Tout ce monde remplissait la maison de bruit et de gaieté. Il y avait là la sœur de Mme  Angèle, Mme  Gondoin de Saint-Agnan (ou Saint-Aignan) avec ses trois filles : Elvire, Félicie et Méline ; les Saint-Martin avec leur fils Norbert ; Loïsa Puget avec sa mère ; Stanislas Hue — un avare à la Molière et une méchante langue ; le vieux

  1. Dans le passage de l’Histoire de ma Vie ayant trait à cet épisode, George Sand dit, on ne sait trop pourquoi, que c’était très peu avant cela que sa mère avait fait la connaissance des du Plessis à un dîner chez l’oncle de Beaumont (De Beaumont, ancien prélat, demi-frère de l’aïeule d’Aurore, étant né de la bisaïeule, l’actrice de Verrières, et du duc de Bouillon). Cela n’est pas exact.