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le monde, tous ses voyages, etc., furent, toujours et partout, accompagnés de « conquêtes », ce qui l’ennuyait sauvent et la fâchait même. Elle attirait les adorations sans le vouloir. C’était une nature de charmeuse.

Quoi qu’il en soit, elle resta indifférente envers Stéphane et fut très peinée quand Deschartres assura, que la lettre qu’elle venait de recevoir, ressemblait fort à une déclaration d’amour. Dans sa naïveté, elle n’y avait rien vu.

Le grossière indiscrétion de son confesseur à ce sujet l’avait néanmoins empêchée de fréquenter le confessionnal. Depuis lors elle ne pratiqua presque plus. En comparaison des offices du couvent, le service à l’église du village lui semblait une sorte de parodie. Elle préférait lire la messe chez elle. Un nouvel incident qui eut lieu au cours de l’été, vint lui montrer combien petites et insignifiantes sont ces cérémonies quand on les compare à la foi véritable.

Le mari de la vieille Mme  Dupin avait eu de Mme  d’Epinay un fils naturel, qui, en 1821, était archevêque d’Arles. Il aimait beaucoup sa quasi belle-mère, qui l’avait tendrement soigné dans son enfance. À cette époque, c’était un bonhomme gai, replet, gourmand, débonnaire et très borné. Lorsqu’il apprit que sa belle-mère était malade, il s’empressa d’arriver et entreprit, selon George Sand, une chose impossible. Il voulut persuader à Marie-Aurore qu’elle devait se confesser et recevoir l’extrême-onction, afin de ne pas mourir dans l’impénitence finale. La vieille dame se trouvait alors dans un de ses moments lucides et s’était même remise à sa correspondance et à ses affaires. Aurore, en vraie croyante, fut donc épouvantée en voyant l’archevêque, sans préparations, sans préambules et de la manière la plus grossièrement plaisante du monde, déclarer à Mme  Dupin