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son réveil dans sa chambre d’enfant, désormais sa chambre de jeune fille, respirent une fraîcheur adorable en nous montrant la mystique pupille de la mère Alicia toute palpitante dans l’attente d’une nouvelle vie. Chaque fois que nous les lisons, nous évoquons involontairement une autre charmante description, celle du réveil de la jeune héroïne dans le roman de Maupassant « Une Vie » le lendemain de son arrivée au château paternel. L’époque (1820 environ) et la mise en scène décrite par George Sand et par Maupassant offrent même tant de ressemblance, que nous ne pouvons lire ce chapitre de : « Une vie » sans penser à l’Histoire de ma Vie et vice versa. Il en est de même des fragments de la correspondance d’Aurore avec une de ses amies de couvent ; on les croirait empruntés aux premiers chapitres des Mémoires de deux jeunes Mariées de Balzac. Il nous semble hors de doute que George Sand a fourni à Balzac des données pour ce roman, qui lui est du reste dédié. On y trouve bon nombre d’épisodes, de traits et de faits parfaitement identiques avec les événements de la vie de jeune fille de George Sand et on croit parfois y lire des lettres de ses amies, les demoiselles Bazouin, Émilie de Wismes, etc.

Retournons au séjour d’Aurore à Nohant et à ses seize ans. Elle avait pleuré à son réveil, mais quand elle se vit au milieu de ces bois qui venaient à peine de reverdir, des champs émaillés de fleurs printanières et qu’elle revit le vieux Deschartres, ses anciennes camarades de village, ses chiens favoris, quand

           « Du grand souffle de liberté et de vie
                    Son âme fut envahie…… »

quand elle respira le grand air du printemps, le soleil, elle