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et communia chez un vieux prêtre débonnaire de La Châtre, choisi par sa grand’mère. Huit jours plus tard, elle communia une seconde fois, selon l’usage catholique, et c’est à cela que se borna sa « confirmation », dans la doctrine et les dogmes chrétiens.

Pendant le temps de son instruction religieuse, Aurore fut installée, dans la petite ville de La Châtre, chez de vieux amis des Dupin, les Decerfz. Elle se lia avec les enfants de cette famille, comme la vieille Mme Dupin et son fils étaient liés avec la grand’mère et la mère de la petite Laure Decerfz. C’est à La Châtre encore qu’elle fit la connaissance du petit Charles Duvernet appartenant aussi à une famille liée depuis plusieurs générations avec la famille Dupin. Ce Charles Duvernet fut, pendant toute sa vie, un fidèle ami de George Sand. En été et en automne, les jours de messes solennelles et de processions, la grand’mère envoyait Aurore chez les Duvernet ou chez les Decerfz pour y passer un ou deux jours. En même temps, il se trouva qu’une assez bonne troupe d’acteurs ambulants était arrivée à La Châtre, où elle donnait tous les soirs des représentations dans une vieille grange. On jouait des drames, des mélodrames, des vaudevilles, et, le plus souvent, de petits opéras-comiques. Mmes Decerfz et Duvernet, à tour de rôle, menaient les enfants au spectacle. Aurore, Charles et tous les autres petits amis furent enchantés de ces représentations théâtrales. La passion de l’art dramatique était héréditaire chez les descendants de Maurice de Saxe, — l’adorateur d’Adrienne Lecouvreur et de « la dame de l’Opéra » Mlle de Verrières. L’arrière-petite-fille de Maurice de Saxe, qui était bien aussi l’arrière-petite-fille de l’actrice, se montrait d’autant plus charmée de ces spectacles qu’elle aimait passionnément la musique, avait