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qu’on n’avait pu la forcer auparavant à rester un moment tranquille.

En 1817, malgré toutes ses idées de libre-penseuse, la grand’maman jugea nécessaire qu’Aurore fit sa première communion. La religion, « rentrait en faveur » avec la Restauration. La dévotion devenait l’apanage de tout noble bien pensant, comme l’athéisme et les railleries à l’adresse de la religion et des superstitions avaient été de rigueur chez tout gentilhomme correct du xviiie siècle. Marie-Aurore était philosophe et voltairienne, mais elle était aussi, ne l’oublions pas, une tante de Charles X et de Louis XVIII. Aussi, tout en restant, jusqu’à la fin de sa vie, inébranlablement fidèle à la libre pensée, et sans faire, jusque sur son lit de mort, la moindre concession aux exigences du catholicisme pratiquant, elle trouva bon, néanmoins, qu’Aurore fit sa première communion, comme cela sied à toute jeune fille de treize à quatorze ans. Jusqu’alors on ne lui avait enseigné aucun précepte religieux. La grand’mère s’était même attachée à extirper une fois pour toutes, de l’âme de sa petite fille, la foi aux miracles et aux choses surnaturelles ; elle avait fait tous ses efforts pour lui donner les explications les plus voltairiennes des miracles évangéliques : entre autres celle de la transsubstantiation dans l’Eucharistie. En envoyant sa petite fille à l’église pour communier, la grand’mère redoutait que la fillette n’apprît à se mentir à elle-même en accomplissant hypocritement des rites auxquels elle ne croirait pas ; d’un autre côté, elle craignait qu’Aurore, avec son caractère passionné, ne devint tout à coup une croyante fervente. Mme  Dupin aurait voulu que l’ « affaire fut bâclée » aussi vite et aussi convenablement que possible. Aurore apprit mécaniquement son catéchisme, se confessa