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y vivre quelque temps, dans l’intérêt de l’instruction de la fillette. Sophie-Antoinette s’installerait, de son côté, à Paris avec sa fille Caroline ; sa belle-mère lui fournirait de quoi vivre. Chaque été, elle irait à Notant, mais ne se mêlerait point de l’éducation d’Aurore. Cette décision satisfit également les deux partis ; Sophie, malgré tout, s’ennuyait à la campagne et brûlait du désir de retrouver les boulevards de Paris, le tumulte, le bruit, la cohue de la grande ville. La question pécuniaire jouait sans doute un rôle important dans les concessions qu’elle avait faites, car elle dépendait de sa belle-mère, Aurore étant la seule héritière directe de son aïeule, ce qui avait donné à la grand’maman une voix prépondérante dans l’affaire. Sophie l’avait parfaitement compris et sa raison lui avait conseillé de laisser Aurore à Nohant. Elle alla s’établir à Paris en 1810.

De 1810 à 1814, l’aïeule et la petite fille n’habitèrent Paris qu’en hiver, passant le reste du temps à la campagne, et Sophie venait chaque année passer deux ou trois mois, et quelquefois tout l’été, à Nohant. Nous dirons plus loin le rôle que la vie rustique joua dans la vie de la future George Sand. Contentons-nous, pour le moment, de parler de l’impression que produisit sur la fillette le changement survenu dans sa destinée.

Dans Les premiers temps, cette impression ne se fit point remarquer : La vie de l’enfant à Nohant était trop heureuse et trop agréable. Le premier départ de sa mère ne l’émut pas beaucoup, elle ne comprenait pas le chagrin d’en être séparée. Elle pleura un peu, mais ce fut tout. On peut croire que son amour pour sa mère n’aurait pas pris ce caractère maladif qui éclata plus tard, que les arrivées et les départs successifs de Sophie n’auraient pas servi de