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qu’elle descendait en ligne directe d’Auguste II électeur de Saxe et roi de Pologne. L’un des nombreux enfants naturels d’Auguste, né de la comtesse Aurore de Kœnigsmark, beauté célèbre en son temps[1], fut le maréchal Maurice de Saxe, l’illustre vainqueur de Fontenoy, prétendant manqué à la main d’Elisabeth Pétrowna et à celle d’Anna Iwanowna, mais amant heureux d’Adrienne Lecouvreur et de beaucoup d’autres dames et demoiselles, entre autres, d’une certaine Marie Rinteau qui chantait à l’opéra sous le nom de Mlle de Verrières. De sa Maison avec cette dernière, il naquit une fille, Marie-Aurore, d’abord inscrite sur les registres de l’église comme fille d’un petit bourgeois, mais reconnue plus tard, par un acte du Parlement, comme fille du maréchal ; aussi reçut-elle le nom de Marie-Aurore de Saxe. Confiée par le maréchal aux soins de la Dauphine, dont il était l’oncle naturel, Marie-Aurore fut d’abord placée par cette dernière à Saint-Cyr, puis elle resta toujours sous la surveillance de sa royale cousine. Est-ce par suite de cette circonstance, ou tout simplement parce qu’elle n’avait pas hérité du tempérament dangereux de son père ni la légèreté de sa mère, toujours est-il que la fille de ce Maurice de Saxe, si célèbre par ses incroyables aventures galantes, présente une remarquable exception parmi ses aïeux et ses descendants. Non seulement on ne trouve dans sa vie aucune liaison illégitime, on n’y trouve aucun roman. Mariée à deux reprises, elle fit, chaque fois, ce que l’on appelle un mariage de raison. Unie à quinze ans au comte de Horn, fils naturel de Louis XV[2]. elle n’eut

  1. Voir à ce sujet le volume très curieux de Henry Blase de Bury : Épisode de l’Histoire de Hanovre, Les Kœnigsmark. (Paris, Michel Levy, 1833)
  2. Lors de la publication de l’Histoire de ma Vie, George Sand reçut une lettre d’un certain M. La Rivière, qui la priait, au nom de la famille