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« longueurs ». Des critiques plus malveillants que perspicaces n’y ont même vu qu’un calcul pécuniaire peu honorable de la part de George Sand et du directeur de la Presse, Émile de Girardin. Il n’y a que bien peu de personnes[1], qui aient montré assez de perspicacité en démêlant le but de George Sand. Il est certain que, dans son Histoire, elle fournit avec beaucoup d’habileté, à tout lecteur attentif, la clé indispensable pour pénétrer son caractère, son tempérament, tout son être intime, en racontant en détail l’histoire d’une série de ses ancêtres, en soulignant leurs traits divers ou quelques particularités et anecdotes de leur vie.

Sans entrer dans ces détails et sans vouloir reproduire ici ce que chacun peut lire lui-même dans l’Histoire de ma Vie, nous retracerons brièvement la généalogie d’Aurore Dupin et nous nous arrêterons ensuite aux traits de caractère que ses ancêtres ont indubitablement transmis à George Sand, chez qui on les retrouve sous une forme tantôt affaiblie, tantôt saillante. Avant tout, nous attirons l’attention du lecteur sur cette profusion d’unions et de naissances illégitimes, sur toute cette série de sœurs et de frères naturels vivant en paix sous le même toit que les enfants légitimes, sur tous ces maris et femmes adoptant les enfants les uns des autres, vivant d’accord dans l’oubli du passé. Toutes ces singularités, on les observe de génération en génération dans cette famille issue d’Auguste II et contractant des unions avec d’autres familles non moins anormales ou étranges. L’anomalie, la bizarrerie et l’inconstance des unions semblent fatalement attachées, non seulement aux aïeux directs de George Sand, mais encore à la plupart des familles alliées d’une façon ou d’une autre à la

  1. Entre autres Cuvillier Fleury, dans ses Dernières études (2 vol., Michel Lévy).