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que les médecins ayant appris la secrète pensée du Tsar, n’avaient point osé guérir le malade (54). Mais une semblable accusation est-elle digne de foi ? Le Tsar n’avait-il pas désiré lui-même que son gendre futur gagnât l’affection des Russes ? C’est à cet effet qu’il lui avait conseillé de se montrer affable et de suivre nos usages ; certainement Boris voulait le bonheur de sa fille ; il donnait aussi par cette alliance un nouvel éclat à sa maison, il l’affermissait encore sur le trône, et il ne pouvait, dans le court espace de trois semaines, avoir ainsi changé de sentimens et d’idée ; craindre ce qu’il avait désiré, entrevoir ce qu’il n’avait pas prévu ; confier un secret aussi horrible à des médecins étrangers qu’il refusa long-temps d’admettre en sa présence, après la mort du Duc, et qui l’avaient traité conjointement avec les médecins Danois attachés à sa personne. Les dignitaires de la cour de Christian, témoins de cette maladie, en publièrent une relation exacte, et on y voit clairement la preuve que tous les moyens de l’art, quoique sans succès, furent employés pour sauver le jeune Duc. Non, Boris ne fut point coupable de