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faisait entendre, il n’y avait que les étrangers inquiets, qui sortaient de leurs maisons, pour s’étonner de ce silence semblable à celui de la mort, dans une ville aussi populeuse, où, quelques heures auparavant, tout était en proie à la fureur de la révolte. Le sang fumait encore dans les rues ; les cadavres y étaient encore entassés, et le peuple se livrait au repos, comme au milieu de la paix la plus profonde et d’un bonheur non interrompu ; n’ayant point de Tsar, ne connaissant point celui qui devait l’être ; déjà entaché d’une double trahison, il menaçait de trahir encore le Monarque futur !

Intrigues de l’ambition. Mais au milieu de ce calme, l’Ambition veillait avec tous ses prestiges et ses intrigues, fixant ses regards avides sur le butin de l’émeute et du carnage : la Couronne et le sceptre teints du sang des deux derniers Tsars. Il était facile de prévoir qui s’en emparerait de force ou de droit. Le plus hardi des accusateurs du faux Dmitri, celui qui avait été miraculeusement sauvé du supplice, et qui, de nouveau, s’était montré intrépide dans le nouvel effort pour le renverser ; auteur et