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et en avait averti son gendre : lui, son fils, le prince Vitchnévetski et les Ambassadeurs de Sigismond, devinant la cause et le but de l’émeute, se hâtèrent d’armer leurs gens ; d’autres se cachèrent, et pleins de terreur, attendaient leur sort ; bientôt ils entendirent les cris : « Mort aux Polonais » ! Le peuple, enflammé de fureur, après avoir massacré au Kremlin les musiciens d’Otrépieff (389), pillé la maison des Jésuites, mis en pièces le confesseur de Marine, qui célébrait la messe, se précipita dans le Kitaï et le Bielgorod, où demeuraient les Polonais, et se baigna dans leur sang pendant plusieurs heures, jouissant, avec avidité, d’une vengeance méritée, mais terrible et peu généreuse. La force, sans pitié et sans courage, punissait la faiblesse ; ils étaient cent contre un : ni la défense, ni la fuite, ni les prières les plus touchantes ne servaient de salut. Les Polonais ne pouvaient se réunir ; ils étaient massacrés dans leurs maisons, où on les avait enfermés, ou bien dans les rues barricadées par des chevaux de frise et des piques. Ces infortunés, si arrogans la veille, se jetaient aux pieds des Russes,