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Moscovites ne se plaignaient pas moins des Cosaques, compagnons de l’Imposteur. Ces hommes grossiers, se vantant des services qu’ils avaient rendus, méprisaient les Russes, et par dérision, les appelaient juifs (308) : ils étaient toujours sûrs de l’impunité.

Mais ce fut le Clergé qui devint l’ennemi le plus acharné du faux Dmitri, qui semblait vouloir humilier l’état monastique, en diffamant les moines, et en les faisant punir par un supplice public, lorsqu’ils se rendaient coupables de quelques délits civils. Il empruntait de l’argent aux Couvens riches, et ne songeait point à s’acquitter de ces dettes souvent considérables. À la fin, il ordonna de lui présenter une liste des biens et de tous les revenus des Couvens, témoignant l’intention de ne leur laisser que ce qui était indispensable pour l’entretien des Moines, et de s’emparer du reste pour la solde des troupes (309). C’est ainsi qu’un hardi vagabond, jeté par un orage, sur un trône chancelant, et menacé d’un orage nouveau, se déterminait, sans hésitation, à accomplir ce que n’avait jamais osé entreprendre les Souverains légitimes, Ivan III