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restèrent au pouvoir des vainqueurs, qui s’emparèrent également de richesses assez considérables. Voyéikoff, ignorant le sort de Koutchoum et présumant qu’il s’était noyé comme Iermak, ne jugea pas à propos d’aller plus loin. Il brûla ce qu’il ne put emporter, et emmenant ses illustres prisonniers, il retourna à Tara, pour annoncer à Boris qu’il n’y avait plus d’autre souvérain en Sibérie que celui de Russie. Mais Koutchoum existait encore ; pendant la bataille, deux de ses fidèles serviteurs l’avaient conduit sur une barque le long de l’Obi jusqu’au pays de Tchata. Là, nos Voïévodes lui proposèrent vainement d’aller à Moscou rejoindre sa famille, et terminer tranquillement ses jours, comblé des bienfaits d’un souverain généreux. Un prêtre mahométan, nommé Toul-Mehmet, envoyé par Voyéikoff, trouva Koutchoum dans un bois près des corps étendus des Tatares, tués par les Russes sur le bord de l’Obi. Le vieillard aveugle, que l’adversité n’avait pu abattre, était assis sous un arbre, entouré de trois de ses fils et de trente serviteurs fidèles. Il écouta le prêtre qui l’assurait de la bienveillance du