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ges, et les murmures en devenaient plus distincts ; bientôt ils mirent la Capitale en fermentation.

Accusations. Le premier accusateur de la première victime fut un Moine qui dit publiquement que le prétendu Dmitri lui était connu dès son enfance, sous le nom d’Otrépieff, qu’il lui avait appris à lire, et qu’ils avaient demeuré dans le même Couvent (278). Ce Moine fut secrètement mis à mort en prison. Il se présenta un autre témoin de la vérité, bien plus redoutable ; celui auquel la Providence remettait une vengeance juste, mais dont l’heure n’était pas encore venue : le prince Vassili-Schouisky. Schouisky. Ayant, avec les autres Boyards, dans la confusion de l’effroi, reconnu le vagabond pour Tsar, il pouvait, moins qu’un autre, rejeter cette lâcheté sur l’erreur, puisqu’il avait vu, de ses propres yeux, le fils d’Ivan dans le cercueil. Soit qu’il fut déchiré par le remords et la honte ; soit qu’il eût déjà des vues secrètes d’ambition, Schouisky ne garda pas long-temps le silence. Il dit à ses parens, à ses intimes, à ses amis, que la Russie était aux pieds d’un imposteur ; d’un autre côté, ses affidés,