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tretien, mais on en vit les conséquences : le fils et la mère prétendus, sortirent de la tente avec des démonstrations mutuelles de joie et d’affection ; ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, et excitèrent, dans l’âme des spectateurs, un vif sentiment d’attendrissement. Le bon peuple pleurait en voyant les larmes de la Tsarine, qui d’ailleurs pouvait en répandre de sincères, par le souvenir du véritable Dmitri, et par le sentiment du crime qu’elle commettait, envers lui, sa conscience et la Russie !

Le faux Dmitri fit monter Marpha dans un char magnifique ; et lui-même marcha devant elle, tête nue et entouré de tous ses Boyards, la distance de quelques verstes. Enfin il monta à cheval, prit les devants et reçut la Tsarine dans le Palais d’Ivan, qu’elle habita jusqu’à ce qu’on lui eut préparé des appartemens magnifiques dans le Couvent des religieuses de Vosnessensk, où on lui forma une Cour particulière.

Là, Otrépieff, en fils tendre et respectueux, allait chaque jour la voir : il était satisfait de son adroite dissimulation ; mais il éloignait d’elle tous les gens suspects, afin que son in-