Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1605. L’Imposteur avait atteint son but, par une audace inconcevable et un bonheur inoui. Il avait, par une sorte de prestige, séduit les esprits et les cœurs contre le témoignage de la raison, et accompli ce qui est sans exemple dans l’histoire. Le Moine fugitif, le brigand cosaque, le domestique d’un Seigneur Lithuanien, était devenu, dans l’espace de trois ans, le Monarque d’une grande puissance ; et il paraissait froid, calme, et comme familier avec l’éclat et la grandeur qui l’environnaient dans ces temps d’égarement et de honte. Toula semblait une bruyante capitale, célébrant par des réjouissances un triomphe glorieux : il s’y était rassemblé plus de cent mille hommes, tant soldats que dignitaires (246), outre une multitude de marchands et de peuple, venus des villes et bourgs environnans. Les princes Vorotinsky et Téliatevsky, choisis pour porter à l’Imposteur l’hommage de Moscou, furent immédiatement suivis par les plus illustres personnages du Conseil, Mstislafsky, Schouisky