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paraître dangereux à un usurpateur, parvenu au trône par le crime de quelques-uns et l’erreur d’un grand nombre. Le triomphe d’une trahison en prépare toujours une autre, et aucun désert n’aurait caché le jeune Souverain à l’attendrissement des Russes. Telle était aussi sans doute l’opinion de Basmanoff ; toutefois, il ne voulut point participer ostensiblement à un attentat aussi horrible : le bien et le mal ont leurs degrés ! D’autres furent plus hardis, les princes Galitzin et Massalsky, les dignitaires Moltchanoff et Schéréfédinoff, ayant pris avec eux trois féroces streletz, se rendirent, le 10 juin, dans la maison de Boris ; là ils trouvèrent Fédor et Xénie, assis tranquillement auprès de leur mère, attendant avec résignation l’arrêt de Dieu. Ils arrachèrent ces tendres enfans des bras de la Tsarine, les firent entrer dans des chambres séparées, et ordonnèrent aux streletz d’agir : Aussitôt ils étranglèrent la tsarine Marie ; mais le jeune Fédor, doué par la nature d’une force extraordinaire, lutta long-temps contre quatre assassins, qui à peine purent venir à bout de l’étouffer (243). Xénie fut plus mal-