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poignée de fuyards de Kromy ? Est-ce avec nos vieillards, nos femmes et nos enfans en bas âge ? Et pour qui ? Pour les odieux Godounoff, usurpateurs du pouvoir souverain ; pour leur salut, livrerons-nous Moscou aux flammes et à la destruction ? Et encore, par une résistance inutile, ne sauverions-nous ni eux, ni nous-mêmes. Il n’est donc plus question de réfléchir, il faut avoir recours à la clémence de Dmitri ».

Tandis que cette assemblée illégale du peuple disposait ainsi de l’empire, les principaux conseillers du trône tremblaient dans le Kremlin. Le Patriarche conjurait les Boyards d’agir ; et lui-même, troublé par la terreur, ne songeait pas à se montrer sur la grande place, revêtu de ses habits pontificaux et la Croix à la main, pour bénir les fidèles et maudire les traitres ; il se contenta de répandre des larmes (239). Les principaux Boyards, Mstislafsky et Vassili Schouisky, Belsky et d’autres membres du conseil, sortirent enfin du Kremlin et se montrèrent aux citoyens. Ils leur dirent quelques mots d’exhortation, et voulurent se saisir des envoyés du faux Dmi-