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Dans les rues et sur les routes, la foule se pressait autour de son cheval, pour baiser les pieds de l’Imposteur. Tout était dans le délire, non de la terreur, mais de la joie. La trahison avait rompu la digue que lui opposait la honte et la crainte, et se précipitait, comme un torrent, sur Moscou, apportant avec elle, la perte du Tsar et de l’honneur national. La première annonce du malheur y avait été l’arrivée des Voïévodes fugitifs du camp, Katireff-Rostovsky et Téliatevsky, avec leurs compagnons. Fédor, jouissant encore du pouvoir souverain, leur témoigna la reconnaissance de la Patrie, par des récompenses solennelles, et sembla attendre tranquillement, sur son funeste trône le sort qui lui était réservé. Il voyait autour de lui un petit nombre seulement d’amis sincères ; partout le désespoir, le doute, la feinte ; et dans le peuple, une tranquillité menaçante : tout paraissait se préparer à un grand changement, désiré secrètement par les cœurs.

Consternation dans la Capitale. Peut-être quelques-uns des membres du conseil, favorables à l’Imposteur, cherchaient, avec perfidie, à endormir la victime, à la