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Basmanoff.… Ce dernier renouvelant le serment sincère de mourir pour celui auquel il avait sacrifié sa conscience et sa malheureuse Patrie ! Le faux Dmitri, reçu unanimement par l’armée, comme un Souverain chéri, congédia, pour un mois, une partie des troupes, afin qu’elle prît du repos ; l’autre eut l’ordre de marcher contre Moscou, et lui-même la suivit de loin, à la tête de deux ou trois mille de ses compagnons les plus dévoués.

Partout le peuple et les militaires le recevaient avec des présens ; les forteresses et les villes lui ouvraient leurs portes ; et même, d’Astrakhan qui était si éloignée, on lui amena, chargé de chaînes, le voïévode Michel Sabouroff, proche parent de Fédor. À Orel seulement, quelques citoyens généreux ne voulurent point trahir leur serment. Ces dignes enfans de la Russie, dont malheureusement les noms sont ignorés de l’Histoire, furent précipités dans un cachot ; tous les autres tombaient à genoux et louaient Dieu et Dmitri, comme on l’avait fait naguère pour le Héros du Don, ou pour le conquérant de Kazan.