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quelques prisonniers. Cependant pour avoir moins à rougir de cette défaite, les Russes eurent recours à une fable ; ils assuraient que leurs chevaux avaient été effrayés par les Polonais, qui avaient mis le poil de leurs pelisses d’ours en dehors. Mais les étrangers, témoins de cette fuite pusillanime, disent que les Russes semblaient n’avoir ni glaives, ni bras, mais uniquement des jambes (202) !

Cependant, le prétendu vainqueur était loin de se réjouir. Ce combat étrange n’avait point répondu aux désirs de l’Imposteur. Les Russes ne lui résistaient que faiblement et sans zèle, mais ils résistaient ; ils fuyaient, mais ne se rendaient point. Le faux Dmitri savait que, sans leur soumission volontaire, ni les Polonais ni les Cosaques ne pourraient renverser Boris, et il craignait, avec raison, de se trouver entre deux feux ; c’est-à-dire, entre les fidèles voïévodes Mstislafsky et Basmanoff. Ce dernier, après la retraite de l’armée Russe, s’était renfermé de nouveau dans la forteresse, décidé à s’ensevelir sous ses ruines. Le lendemain, quatre mille Zaporoviens (203), se réunirent au faux Dmitri, et