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souvenir de nombreux bienfaits politiques. La Russie, sur-le-champ d’honneur n’aurait point livré le Tsar au Moine défroqué. Mais Boris, troublé par la crainte et les remords n’osait marcher contre l’ombre de Dmitri : il soupçonnait les Boyards et leur confia son sort. Il nomma principal voïévode, Mstislafsky homme courageux et d’une conscience irréprochable, mais chef plus illustre qu’habile ; il ordonna sévèrement à tous ceux qui portaient les armes de se rendre en toute hâte et sans exception à Briansk, et lui-même semblait se cacher dans sa capitale !

En un mot la justice divine allait atteindre enfin le Souverain criminel.

Jusqu’à 1604, personne en Russie n’avait douté de l’assassinat de Dmitri ; tous les habitans d’Ouglitche l’avaient vu mort ; ils avaient pendant cinq jours arrosé son corps de leurs larmes : les Russes ne pouvaient donc raisonnablement croire à la résurrection du Tsarévitche ; mais ils n’aimaient pas Boris. Cette fatale disposition des esprits les préparait à devenir victimes de l’imposture. Boris lui-même avait affaibli les preuves de la vérité, en faisant