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ses regards ; tout-à-coup ses yeux se remplirent de larmes, et il tomba à ses pieds en s’écriant : « Je vois Ivan dans les traits de ton visage, et je me dévoue à toi pour jamais ». On lui ôta ses fers ; et ce premier traître Russe de distinction, aveuglé par la crainte ou par l’intérêt, fit pour témoigner son zèle à son nouveau Souverain, la déclaration suivante, mêlant le mensonge à la vérité.

« La nation Russe, disait-il, montrait de l’amour à Dmitri ; même des hommes illustres, tels que Boulgakoff et autres, avaient, en présence de nombreux convives, bu à sa santé, et Godounoff les avait condamnés au supplice sur la dénonciation de leurs domestiques ». Il ajouta, « que Boris avait également fait périr sa sœur la Tsarine douairière Irène, qui n’avait jamais vu en lui qu’un Souverain illégitime ; que n’osant prendre publiquement les armes contre Dmitri, il rassemblait ses troupes à Livny, sous prétexte de s’opposer à une invasion du Khan, que les principaux voïévodes Pierre Schérémétieff et Michel Soltikoff l’ayant rencontré, lui Kroustchoff, ils lui